vendredi, 15 juillet 2011
Les Identités meurtrières (Amin Maalouf)
"Tous [les exemples dont vient de parler l'auteur] concernent des êtres portant en eux des appartenances qui, aujourd'hui, s'affrontent violemment ; des êtres frontaliers, en quelque sorte, traversés par des lignes de fracture ethniques, religieuses ou autres. En raison même de cette situation, que je n'ose appeler "privilégiée", ils ont un rôle à jouer pour tisser des liens, dissiper des malentendus, raisonner les uns, tempérer les autres, aplanir, raccommoder… Ils ont pour vocation d'être des traits d'union, des passerelles, des médiateurs entre les diverses communautés, les diverses cultures. Et c'est justement pour cela que leur dilemme est lourd de signification : si ces personnes elles-mêmes ne peuvent assumer leurs appartenances multiples, si elles sont constamment mises en demeure de choisir leur camp, sommées de réintégrer les rangs de leur tribu, alors nous sommes en droit de nous inquiéter sur le fonctionnement du monde."
(Amin Maalouf, Les Identités meurtrières, Grasset, 1998, pp. 13-14)
Je souligne : "alors nous sommes en droit de nous inquiéter sur le fonctionnement du monde".
Cet ouvrage d'Amin Maalouf s'avère plus que jamais d'une actualité brûlante maintenant que les bi-nationaux font l'objet de critiques virulentes et seront peut être prochainement sommés de s'amputer de l'une de leurs nationalités.
Apparemment l'auteur - récemment admis à l'Académie française - fait face actuellement à des problèmes de santé (cf. son blog) qui le tiendraient à l'écart du débat. Mais ses écrits sont là pour témoigner et espérons-le, ouvrir les esprits à plus de tolérance et de raison.
23:38 Écrit par kl loth dans au fil des lectures, comportements…, politique | Lien permanent | Commentaires (1) |
Commentaires
Le bouton est un transfrontalier, toujours à rapprocher les deux pans du même vêtement.
Écrit par : michel jeannes | samedi, 16 juillet 2011
Les commentaires sont fermés.