Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

samedi, 21 juin 2008

L'envers du décor ?

Libération publie aujourd'hui une interview de la nouvelle épouse du chef de l'État, Mme Carla Bruni-Sarkozy. Un extrait de l'interview est publié en vidéo sur le site web du journal. Voici ce qu'elle dit de l'écart entre ses opinions de gauche et la politique de son mari : 

"[…] je suis obligée en observant les choses de tout près, je suis obligée parfois, je dirais pas de changer d'avis, mais de voir les choses différement, de comprendre, de comprendre qu'il y a un autre pendant, chose que je ne savais pas avant, […] c'est parce que c'est ce que je ressens, je suis obligée de vous le dire, j'ai remarqué que c'était pas si simple, c'est pas comme seulement comme quand je pensais, ou quand je lisais, dans vos colonnes certaines choses par exemple, et que j'étais tout à fait d'accord, je remarque qu'il y a une autre partie, il y a l'envers du décor".
("Carla à «Libé», c'est du sérieux! «Je ne fais pas tellement corps avec la politique de mon mari»", réalisation Fanny Lesbros, Libélabo juin 2008,  liberation.fr, 21/06/08)

L'envers du décor ? Voilà une bien malencontreuse métaphore pour désigner les différences de point de vue entre droite et gauche. Une métaphore qui ramène une question cruciale dans un registre bien plus superficiel… Il y a du danger à cette futilisation du clivage politique.

Je me souviens d'avoir lu ces derniers jours, un passage des notes de Cécilia de Varine où celle-ci évoquait avec bien plus de subtilité et de pertinence le clivage de sensibilité entre les personnes de droite et de gauche, entre l'attitude soucieuse d'autrui d'un côté, et le pragmatisme purement comptable de l'autre, mais en pointant les distorsions engendrées par une possible mauvaise foi côté gauche, ou une véritable sincérité côté droit ! La question dans toute sa complexité.


Voici le passage en question : "Pendant longtemps j'ai haï les "gens de droite" en rassemblant sans distinction dans cette catégorie tous ceux qui ne partageaient pas un certain idéal humain de fraternité, d'égalité et de liberté.
Aujourd'hui, je concède à cette catégorie de la population un certain pragmatisme.
Longtemps, j'ai vécu avec l'idée que l'"homme est naturellement bon". Lentement, j'ai appris et compris que cette idée était aussi idiote que celle de le penser "naturellement mauvais".
Les gens de droite pensent d'abord à eux, à leur clan, à leur groupe. Ils sont souvent plus honêtes dans leur malhonneté que les gens de gauche. Ils sont plus souvent pessimistes et font moins souvent le contraire de ce qu'ils disent. Ils peuvent même, parfois, être franchement sympathiques.
Pourtant, malgré tout, je reste profondément de gauche. Avec une petite confusion probable entre l'humanisme et "être de gauche". Même si cela demande un effort quotidien, un décentrement de chaque instant. Mais c'est nettement plus intéressant".

(Cécilia de Varine, "Notes sans couture pour un refuge", Gîte d'étape" de la revue Notes. Bulletin de Liaisons, 2008)

16:08 Écrit par kl loth dans au fil des lectures, politique | Lien permanent | Commentaires (8) | Tags : politique, théâtre, gauche, droite, carla bruni-sarkozy |