samedi, 09 janvier 2010
Beautiful Losers ?
Comme repère (re/père ?), cette citation de Pierre Legendre trouvée sur Wikipédia, concernant les taggers.
Cela ne veut pas dire que j'y adhère : il faudra que j'y réfléchisse, et pour commencer que je connaisse mieux le contexte dont elle est issue !
« Si la notion de narcissisme social a un sens, cela comporte que la question du père se trouve posée d’emblée, à cette même échelle de la culture et de la société. posée, mais comment, sur quel mode ? Je dirai : sur le mode de l’image et de la symbolisation de l’image. Un exemple va le faire comprendre : les « tags », ces inscriptions murales désordonnées, qui sont à la fois essais et déchets esthétiques dans les sociétés occidentales d’aujourd'hui. Que font les jeunes taggers ? Ils inscrivent une énigme, l’énigme de leur demande, de cette demande de séparation qui constitue la créance généalogique de tout sujet ; mais ils l’inscrivent comme demande non fondée, désespérée donc et condamnée par avance. Les laissés-pour-compte de la symbolisation symbolisent ainsi leur position, qu’il faut bien appeler légale, de déchet, en l’inscrivant partout, sur les murs et les objets en représentation de cette légalité de la demande dont ils sont bannis. À la manière des condamnés de la Colonie pénitentiaire décrite par Kafka, sur la peau desquels était tatouée leur sentence de condamnation, les taggers recouvrent les murs, cette peau de la ville, d’un tatouage : la société ultramoderne porte le tatouage de la condamnation du Père ».
(Pierre Legendre : Leçons VI. Les enfants du Texte. Étude sur la fonction parentale des États, Fayard, 1992, 470 p. ISBN 2-213-02794-3, p. 205, ; cité sur http://fr.wikipedia.org/wiki/Narcissisme, consulté le 08/01/2010).
23:53 Écrit par kl loth dans au fil des lectures | Lien permanent | Commentaires (33) | Tags : narcissisme, père, tag, graffiti, société, pierre legendre |
Commentaires
Écrit par : michel jeannès | dimanche, 10 janvier 2010
entre Pierre sur laquelle l'Eglise se fonde et le patronyme Legendre, il a un espace sémantique bien balisé, ce Monsieur Legendre!
Écrit par : michel jeannès | dimanche, 10 janvier 2010
Ce texte est très beau et très intéressant. Seule la dernière phrase me dérange. Pourquoi le Père seulement serait-il condamné ?
Parce qu'on ne lui laisse plus de place ou au contraire parce qu'il en a trop ?
Écrit par : Rosa | dimanche, 10 janvier 2010
J'ai entendu le texte au contraire de Rosa, comme une condamnation émanant du père banissant les fils, qui tatouent eux-mêmes leur condamnation sur la peau du site dont ils sont exclus.
Comme quoi, relire n'est pas un luxe.
Écrit par : michel jeannès | lundi, 11 janvier 2010
La situation actuelle en est la conséquence, y compris dans ses excès…
Mais cela est un grand sujet à débattre sans précipitation ni approximations…
Il faudrait aussi savoir si cette citation reflète bien la pensée de Pierre Legendre, ou si son découpage, son extraction du contexte du livre dont elle est tirée, ne la biaise pas.
Écrit par : kl loth | lundi, 11 janvier 2010
effectivement, la citation est un trouvé-choisi du citant et est à prendre en tant que tel plus qu'en tant que pensée du cité. Cela semble établi depuis longtemps sur ce blog qui prône "l'arrêt sur phrase".
Écrit par : michel jeannès | mardi, 12 janvier 2010
Écrit par : michel jeannès | mardi, 12 janvier 2010
Écrit par : Nénette | mardi, 12 janvier 2010
Les tagueurs, compte-tenu de leur âge, n'ont pas connu la génération des pères autoritaires, même ceux qui tagguaient en 1992 !
Au passage, je n'avais pas le souvenir que les tags étaient aussi anciens... Sans doute plus de 20 ans déjà !
Ils vont bientôt relever de la Mercerie de Michel !
Écrit par : Rosa | mardi, 12 janvier 2010
Il y avait déjà des graffitis antérieurs. Cf. dans les films de Godard du milieu, et de la fin des années 60.
L'une des premières photos de graffiti que j'ai prises date de 1976 :
http://www.kl-loth.com/caveli-expo-6.html
Écrit par : kl loth | mercredi, 13 janvier 2010
com/com: La Mercerie ne s'occupe pas de la peau des murs, non plus des dépouilles, mais active de la parole vive à partir de petites choses précieuses.
Écrit par : michel jeannès | jeudi, 14 janvier 2010
Écrit par : Jean N. | vendredi, 15 janvier 2010
Absents parce qu'ils ne s'occupent pas des fils ou absents parce que les fils sont seuls avec les mères ?
Écrit par : Rosa | dimanche, 17 janvier 2010
Écrit par : Rosa | dimanche, 17 janvier 2010
Je fonctionne avec des processus de réflexion qui peuvent être très lents, parfois sur plusieurs années.
Cf. mon concept de "slow work", commenté par Michel Jeannès :
http://www.kl-loth.com/oe-monogr-slowwork.html
D'ailleurs ce billet précise bien : "il faudra que j'y réfléchisse"… sans date butoir !
Daily Life est aussi un carnet de notes de ma pratique artistique, de mes réflexions, sans que forcément des conclusions en soient tirées.
C'est du travail, de la pensée en train de se faire…
Écrit par : kl loth | dimanche, 17 janvier 2010
Mais c'est vrai que ce texte m'a accrochée donc une envie de relancer... surtout pour le rapport entre le Tag et le père. J'ai eu des élèves tagueurs dont un que j'aimais beaucoup, orphelin de père...donc j'avais envie de connaître ton opinion, sans date butoir bien sûr !
Écrit par : Rosa | dimanche, 17 janvier 2010
(com de Rosa)
com/com: intéressant ce rapport entre le Tag -signature du fils - majusculé et le père minusculé. Je me demande ce qu'en dirait un lacanien?
Écrit par : michel jeannès | dimanche, 17 janvier 2010
(com de KL-Loth)
com/com: pour être précis, la sémiologie de l'oeuvre-monogramme n'a pas vocation à commenter un concept ou une oeuvre mais a plutôt la prétention d'étudier un rapport entre l'onomastique et l'esthétique. La formulation utilisée par KL-loth ("mon concept de" est juste à condition que l'on considère l'usage de l'adjectif possessif comme soulignant la relation étroite, presque fusionnelle parfois, entre le nom (anagramme de "mon") et les productions émanant de cette artiste. Le même concept créé par un autre artiste serait tout autre, par définition.
Écrit par : michel jeannès | dimanche, 17 janvier 2010
Écrit par : kl loth | dimanche, 17 janvier 2010
Le blason est en fait la résultante de cette description très codifiée.
De là à voir des armoiries dans dans le blase du graffeur et un esprit chevaleresque dans le taggage des murs du pauv'type qui essaie de tenir son estanco propre, il y a tout de même un pas à franchir.
Belle tentative d'héraldiquer les vandales à éradiquer tels les rats des villes porteurs de maladies bubboniques et autres calamitudes visuelles ( même si certains ne manquent pas d'esprit , je peux en convenir).Vivement que les chinois nous occupent et remettent à l'ordre du jour les camps de travail et de reéducation.
Écrit par : michel jeannès | dimanche, 17 janvier 2010
un doublon dans le blason c'est comme un double-scotch dans la blase, un copié-collé dans le pif, un qui copicolle s'y clic!
Écrit par : michel jeannès | dimanche, 17 janvier 2010
Écrit par : michel jeannès | dimanche, 17 janvier 2010
La peste des murs ?
Écrit par : garance | dimanche, 17 janvier 2010
Écrit par : Rosa | dimanche, 17 janvier 2010
Com / com : Les pères absents, pour toutes sortes de raisons : parce qu'ils ne vivent plus dans le même foyer que leurs enfants, parce qu'ils ne s'intéressent pas à leurs enfants (paternité non désirée, assez fréquent), parce que c'est une tâche difficile, parce qu'ils travaillent + (pour gagner moins) ou parce qu'ils sont workaholics…
Écrit par : Jean N. | dimanche, 17 janvier 2010
Je ne suis pas branchée
je ne connais rien :
à Lacan,
à la sémiologie
donc s'il vous plaît, traduisez...
"workaolics"..;
pour le reste :
vous parlez donc des pères démissionnaires (sans jugement de valeur de ma part)
et je vois mieux le rapport au tag...
Mais n'est-ce pas plutôt le nouveau statut de l'homme dans la société qui est en cause ?
D'autre part il y a de plus en plus de pères célibataires qui assument seuls leurs enfants : n'est-ce pas contradictoire ?
Écrit par : Rosa | dimanche, 17 janvier 2010
Le mot "workaholic" est un "mot valise", formé à partir de "work" (= travail) et "alcoholic" (= alcoolique). Il désigne donc un "drogué" du travail, quelqu'un qui ne sait pas s'arrêter.
Quant aux différents comportements des pères, non, il n'y a pas de contradictions : il y a des personnes qui ont des personnalités différentes, qui font des choix de vie différents, tout en étant contemporains les uns des autres. La réalité est complexe. Ne soyons pas réducteurs.
Et méfions-nous aussi d'être par trop caricaturaux en opposant en deux camps "les hommes" et "les femmes".
Écrit par : Jean N. | dimanche, 17 janvier 2010
le camp des hommes et le camp des femmes : ce n'est vraiment pas mon truc et il me semble que rien dans mon commentaire ne le laisse entendre.
J'ai travaillé dans un lycée essentiellement masculin (technique et industriel) et j'ai juste eu le sentiment qu'aujourd'hui les ados garçons étaient plus fragiles que les filles avec peut-être, bien que depuis peu je déteste ce mot, un problème d'identité...d'où mon propos...
Écrit par : Rosa | dimanche, 17 janvier 2010
Ne vaut-il pas mieux ne pas trop attendre des autres (y compris du père) en ce qui concerne la construction de soi ?
Écrit par : Jean N. | lundi, 18 janvier 2010
Écrit par : michel jeannès | lundi, 18 janvier 2010
L'espace des commentaires ne me semble pas suffire à une telle question qui mériterait d'être amplement développée.
Et pour ma part je ne connais pas suffisamment cette question / justement / pour m'y aventurer. Sauf à parler de l'expérience face à mon propre père, mais là c'est hors-champ de ce que je rends public. J'ai beau être un peu exhibitionniste (au sens anglais du mot où "exhibition" = exposition), je pense nécessaire de conserver des limites à la divulgation de soi.
Écrit par : kl loth | jeudi, 21 janvier 2010
Écrit par : michel jeannes | jeudi, 21 janvier 2010
Écrit par : kl loth | jeudi, 21 janvier 2010
Les commentaires sont fermés.