dimanche, 11 novembre 2007
L'aura de l'artiste (Marc Biétry) - (suite)
Dans Libération du 8 novembre 2007, un article d'Yves Michaud sur L’aura de «Laura», qui offre un éclairage intéressant sur la perception de l'œuvre participative Laura par le monde de l'art.
En voici un extrait :
"L’intelligence et la subtilité du sculpteur concepteur Marc Biétry sont à souligner. Il fut un des rares concurrents à saisir les implications participatives du projet et en faire quelque chose d’ouvert, de collectif et de solidaire, au lieu de proposer du «prêt à installer». Jusqu’ici l’histoire est édifiante et émouvante. La suite est plutôt ironique.
Preuve. Car dans l’histoire de l’art in situ, de la commande publique, de l’esthétique relationnelle qui fait communiquer les hommes et resserre la communauté, et aussi à titre d’exemple d’une esthétique environnementale qui va bientôt devenir à la mode, Laura aurait dû retenir l’attention de tous ceux qui célèbrent «l’art dans la cité». Ce slogan sert en général à justifier ces commandes publiques désolantes de banalité et d’arrogance qui agrémentent le parcours d’un tramway ou ajoutent un monument encombrant à un espace urbain déjà saturé. Et pourtant, Laura, qui répond à tous les critères de l’œuvre d’art la plus contemporaine qui soit (créativité, force relationnelle, intégration des exclus, force symbolique, professionnalisation, solidarité, tourisme), n’est pas reconnue par le «monde de l’art» – elle est renvoyée au mieux au folklore solidaire et à l’identité montagnarde. Belle preuve que les grands principes du monde de l’art contemporain sont en fait destinés à amuser la galerie, au propre et au figuré."
L'« esthétique relationnelle » est un concept développé par Nicolas Bourriaud dans le livre éponyme, paru aux Presses du réel en 2000.
Ce concept passionnant ouvre de vastes possibilité de recherches.
Pour ma part, j'ai toujours regretté que les œuvres réalisées dans cette optique n'aient pas fait l'objet d'une approche critique sans complaisance. Cela a eu pour conséquence un amalgame entre travaux anecdotiques et recherches bien plus pertinentes. La lassitude du public commence à s'ensuivre, ce qui est bien dommageable pour un domaine qui s'évère particulièrement fécond.
(cf. mon premier billet sur « Laura »)
21:50 Écrit par kl loth dans rôle et place de l'art | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : Laura, L'Aura, Marc Biétry, Solid'art, Maurienne, art, art contemporain |
Commentaires
la critique est sévère pour un domaine qui s'avère c'est vrai passionnant. (éloge de la coquille et du palindrome vertical)
Écrit par : michel jeannès | lundi, 12 novembre 2007
En ce qui me concerne je distingue le travail critique constructif, du dénigrement...
Entre Nicolas Bourriaud qui défend les artistes rattachés au concept auquel il a donné forme et ceux qui dénigrent... il manque un travail critique pour valoriser les œuvres et processus les plus intéressants, et pointer ce qui fait défaut à d'autres.
Yves Michaud révèle très justement cet écart entre une œuvre particulièrement pertinente par rapport à un état théorique de l'art contemporain, et son rejet par le "milieu".
L'esthétique relationnelle serait-elle souvent dévoyée en alibi pour masquer une résistance du "milieu" à l'ouverture ?
Écrit par : kl loth | mardi, 13 novembre 2007
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