vendredi, 12 novembre 2010
NON AU QUOTIDIEN QUOTIDIEN (identité graphique Monoprix)
Si les affiches de l'artiste "multi-supports" Jean-Charles Massera sont probablement passées quasi inaperçues, il n'en est pas de même de la campagne pour la nouvelle identité graphique Monoprix.
La typographie y envahit tout l'espace, organisée en grandes bandes colorées horizontales.
Cela évoque fortement les travaux des artistes constructivistes, et l'esthétique du Bauhaus. Œuvres d'une époque qui tentait de tourner résolument le dos à des siècles d'ornementation et au kitsch, en conjuguant force et simplicité, pour aller à l'essentiel.
Désormais les couleurs sont un peu rompues, comme passées, et le retour à l'essentiel, en cette période de crise, n'a plus la même signification.
Nul doute que cette campagne s'adresse à une clientèle un peu arty, qui connaît les classiques de la modernité, et qui peut s'offrir, même frappée au porte-monnaie, le luxe d'une réflexion sur la consommation…
L'esprit "décalé" prend lui aussi place sur les packagings, par une phrase incongrue comme, D'OÙ L'EXPRESSION "FIN COMME UN COCHON", ou encore, NOUS, QUAND ON S'ENNUIE, ON PÈLE DES TOMATES, allusion à un mode de vie nostalgique et alangui, escamotant les réalités de la production industrielle du produit.
Raconter des histoires… "Storytelling".
© kl loth 2010
À lire, "Monoprix relooke sans trop de risques sa marque premier prix" (Nolwenn Le Blevennec, Rue89, 15/11/2010), un article qui apporte des informations sur cette campagne, dont les noms de l'agence et des auteurs.
On y apprend aussi qu'un certain nombre de personnes associent cette esthétique au Pop Art !!! Ah bon… la clientèle Monoprix n'est peut être pas si cultivée que cela.
02:42 Écrit par kl loth dans comportements…, de visu, formes & couleurs | Lien permanent | Commentaires (17) | Tags : monoprix, graphisme, design, typographie, publicité |
Commentaires
les boîtes de tomates, c'est du collector?
Ben oui, c'est ça maintenant, les créatifs qui sortent des bx arts bossent pour Monop lol!
un sticker ou faux tatoo que m'avait envoyé Lawrence Weiner (et oui!): "garde ton cul lisse!"
Si je le retrouve (pas perdu, égaré dans un dossier), je le scanne pour Daily-life, le quotidien augmenté pour de vrai.
Écrit par : michel jeannes | vendredi, 12 novembre 2010
Oui, cherche ! Je voudrais voir ça !
Il a réalisé un film "porno conceptuel", que je n'ai encore jamais eu l'occasion de voir, dommage.
http://www.tadahblog.com/article-27496837.html
Écrit par : kl loth | vendredi, 12 novembre 2010
Ah, le blog qui m'apprend que je suis arty, je vais ches Monop', en plus ils ont des smiles. Monoprix, monoprix, on t'aime !
Écrit par : Nénette | vendredi, 12 novembre 2010
Pas facile de trouver une définition de référence du mot "arty".
Je dirais qu'il s'agit de looks, décos, comportements, en référence à l'histoire de l'art contemporain et moderne, ou plus généralement à l'habitus du milieu de l'art…
On peut en trouver une douce satire dans les ouvrages dessinés de Jean-Philippe Delhomme (surtout "Art contemporain").
http://www.jphdelhomme.com/
On peut aussi jeter un coup d'œil au "Dictionnaire du look" de Géraldine de Margerie et Olivier Marty, aux éditions Robert Laffont (2009)
http://www.laffont.fr/livre.asp?code=978-2-221-11205-2
http://tinyurl.com/299vmt7
Bon, dans la réalité, beaucoup d'artistes et d'habitués du monde de l'art, n'ont pas du tout le look "arty"…
Écrit par : kl loth | vendredi, 12 novembre 2010
Je comprends qu'il ne faut pas mélanger les torchons arty avec les serviettes artistes...
Écrit par : Nénette | vendredi, 12 novembre 2010
Don't worry Nénette ! Pour moi pas d'interdit sur les mélanges !
Je m'interrogeais simplement sur l'emploi correct du mot "arty" dans mon billet, sachant que je ne suis pas à l'aise pour employer un mot qui n'est pas explicitement défini. Une question de perfectionnisme, d'où mes précisions.
Écrit par : kl loth | vendredi, 12 novembre 2010
"j'aime"
Écrit par : michel jeannes | samedi, 13 novembre 2010
"Une question de perfectionnisme, d'où mes précisions."
KL-Loth
com/com: "perfectionner les précisions ou préciser la perfection, faut choisir" (Pierre Dac -attribué à)
Écrit par : michel jeannes | samedi, 13 novembre 2010
A propos de la clientèle Monoprix, il y a là un vrai sujet de micro trottoir : demander à tous les clients qui est capable de situer correctement le constructivisme et le Bauhaus. Et le fait qu'ils associent plutôt au Pop Art le nouveau graphisme de Monoprix doit nous rappeler que, pour la plupart de nos tristes contemporains, le monde commence dans les années soixante...
Écrit par : solko | vendredi, 19 novembre 2010
D'une certaine façon le monde commence à nos premiers souvenirs d'enfance… cela peut donc être encore plus tard que les années soixante !
Bien sûr, il vaut mieux "relativiser", et apprendre, autant que possible, ce qu'il y avait avant.
Nota Bene : un certain nombre d'historiens estiment que l'art "contemporain" tel que nous le connaissons actuellement, apparaît vers 1964 (attribution du premier prix de la Biennale de Venise à l'américain Robert Rauschenberg).
Merci Solko de votre visite.
Cependant, beaucoup de "racines" remontent au début du XXe siècle.
Écrit par : kl loth | dimanche, 21 novembre 2010
Je ne suis pas d'accord avec toi, ce n'est pas une erreur d'associer cette esthétique avec le mouvement du Pop art, l'une des références des créatifs de l'agence qui à créé cette campagne étant les boîtes de soupe Campbell de Warhol.
"Au final, il y a un air de pop art, et c’est tant mieux, car le pop art rendait hommage à la consommation." Florence Bellisson, Directrice de Création chez Havas City.
Écrit par : Coton | jeudi, 25 novembre 2010
Il est clair dans cette campagne pub + packaging que les influences sont remixées.
La typographie est sans empattement (sans serif), et occupe tout l'espace, ce qui n'est pas le cas pour la soupe Campbell ou la lessive Brillo, où les caractères sont fantaisie.
Par contre les couleurs ne sont pas celles du constructivisme (rouge / noir / blanc) ni du Bauhaus (noir + les trois primaires).
Ce ne sont pas vraiment celles du Pop Art, hypersaturées.
Ce sont plutôt ce qu'on appelle des couleurs "rompues", qui ont quelque chose d'un peu triste. Est-ce un effet de la fascination actuelle pour le "vintage" ou l'influence de la "crise" ?
On peut effectivement retrouver ce genre de couleurs sur les (vraies) boîtes de soupe Campbell :
http://tinyurl.com/28weq98
Dans ces premières œuvres Warhol imitait des modèles réels. Le design de ces boîtes était donc antérieur au Pop Art.
Les États-Unis ont évidemment été poreux aux influences européennes, apportées par l'immigration, surtout pendant la guerre… le Black Mountain College (1933-1957) en proximité d'idées avec le Bauhaus…
Les publicitaires américains auraient également été attentifs aux recherches des propagandistes nazis ; ce qu'affirme notamment Dan Graham ( http://tinyurl.com/27vto8u ).
Et pour en revenir au Pop Art, les œuvres comportent beaucoup d'images, que ce soient des photographies, de la BD, diverses influences "populaires"… or la campagne Monoprix est "dépouillée", très "less is more", un peu "élitiste".
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Petite définition, pour ceux qui découvrent ce terme de vocabulaire technique "Empattement" :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Empattement_(typographie)
Écrit par : kl loth | vendredi, 26 novembre 2010
On trouvera un excellent article sur les sources visuelles de cette campagne Monoprix, avec des documents-image très convaincants :
http://laboiteaimages.blog.lemonde.fr/2010/12/22/monop-et-la-note-bleue/
Écrit par : kl loth | vendredi, 24 décembre 2010
J'aime ce blog qui mélange la culture, la poésie, la bouffe en conserve, l'art et où on apprend plein de choses en restant assis sur son coussin moelleux...
Écrit par : Nénette | vendredi, 26 novembre 2010
Vindzou, comme dit Riri qui rira bien d'air niais. Je m'en occuperais bien du coussin moelleux! Prend pas l'ascenseur Nénette?
Écrit par : le groom sodomite | dimanche, 28 novembre 2010
LOL !
(pardon Nénette…)
Écrit par : kl loth | dimanche, 28 novembre 2010
Merci Nénette, je vais tâcher de continuer sur cette voie !
Écrit par : kl loth | dimanche, 28 novembre 2010
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