dimanche, 07 août 2011
De 1, n + 1, à l'∞ (Roman Opalka)
Les médias tardent à répercuter l'information*, pourtant elle bouleverse le milieu artistique : Roman Opalka est mort hier, le 6 août à Rome.
Roman Opalka, né en France dans la Somme (comme le fait remarquer Michel Jeannès), était l'auteur d'une œuvre absolue, obsédée par le passage du temps et les nombres.
Œuvre qu'il débuta en 1965, par l'inscription en blanc de titane du chiffre 1 et évoluant d'unité en unité en direction de l'infini, sur des toiles évoluant du noir au blanc par l'ajout à chaque fois d'1% de blanc de zinc. Œuvre qui comprenait également l'enregistrement vocal des nombres qu'il énonçait en polonais au fur et à mesure de l'avancée du travail, ainsi que des autoportraits rigoureusement photographiés chaque jour.
Œuvre d'une grande beauté formelle, fascinante par son ambition et son approche de l'absolu et de l'infini.
L'œuvre d'une vie aussi, définie une fois pour toutes et accomplie avec une rigueur totale depuis 46 ans.
Ce qui, personnellement, me semble avoir un aspect effrayant, tant je suis rebelle aux contraintes… or définir sa vie une fois pour toutes, accomplir un travail en apparence monotone, comme un ouvrier en usine… Pourtant !
Une œuvre laissée en suspens, forcément… À quel nombre était-il parvenu ?
Roman Opalka, pour en revenir à l'un des débats puants qui pourrissent la pensée et la vie actuelles en France, avait une double appartenance culturelle, franco-polonaise. C'est un exemple de plus de l'importance et de l'utilité des brassages culturels.
Site de l'artiste : http://opalka1965.com/
* Apparemment à la demande des proches de l'artiste qui souhaitent un peu de temps avant de faire une annonce officielle.
15:00 Écrit par kl loth dans rôle et place de l'art, Time goes by… | Lien permanent | Commentaires (2) |
Commentaires
"dans la Somme (comme le fait remarquer Michel Jeannès)"
com/post: je dois cette judicieuse et subtile contribution à la sémiologie de l'oeuvre-monogramme au poète casanier Sylvain Bravo.
Écrit par : michel jeannès | dimanche, 07 août 2011
"Une œuvre laissée en suspens, forcément… À quel nombre était-il parvenu ?"
com/post: à bientôt ∞0 ans, Roman Opalka n'était plus que le nombre de lui-même.
Écrit par : michel jeannès | dimanche, 07 août 2011
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