vendredi, 26 juin 2009
La délocalisation de Beaubourg vue par Sylvain Bravo
J'évoquais il y a peu (cf. le billet "Ça pousse") la délocalisation du Centre Pompidou à Dunkerque, annoncée par Télérama le mercredi 1er avril 1992. Cette annonce surprenante ayant eu les honneurs de la une du magazine, Michel Jeannès rappelle dans un des commentaires de ce blog, le travail de détournement facétieux et subtil qu'opère depuis dix-huit années maintenant Sylvain Bravo.
L'artiste, en effet, détourne semaine après semaine les couvertures de ce magazine, vénérable institution culturelle. Il opère selon un rituel précis, qui prend en compte le délai de réflexion, le temps de réalisation "fait-main" (toujours à partir d'un prélèvement dans les pages intérieures, pubs comprises), puis l'envoi à la rédaction d'une photocopie du résultat.
La une du 1er avril 1992 a elle aussi été remaniée. En voici une photo :
Télérama rendit hommage à Sylvain Bravo lors de la publication de son numéro 3000 : Virginia Felix, "Le voleur de unes", Télérama n° 3000, 4 juillet 2007.
Lequel article peut être consulté sur le site de La Mercerie ainsi que le texte de Michel Jeannès, "À propos d’une série de dessins par Sylvain Bravo (des riches heurs de Gulliver à Lilliput)", qui fait partie des Notes pour une sémiologie de l'œuvre monogramme.
01:02 Écrit par kl loth dans en revenant de l'expo (de la conf. etc.) | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : sylvain bravo, télérama, centre pompidou, beaubourg, poisson d'avril, art contemporain, détournement |
mardi, 09 juin 2009
Art à la gare de Metz !
Pour Noëlly, qui était ce jour-là l'ange gardien de l'Enfer
Metz a longtemps été un quasi désert pour la culture actuelle. Bien sûr il y avait les remarquables Rencontres internationales de musique contemporaines (j'y ai vu et entendu John Cage, Stockhausen…) ainsi que de bons concerts de rock et de jazz, mais on ne pouvait y voir que très peu d'art contemporain.
En ce qui me concerne, j'eus la chance de voir dans mon adolescence des œuvres vraiment novatrices lors d'une visite au Stedelijk Museum d'Amsterdam (Bruce Nauman, Kienholz, Rauschenberg etc.)
Puis dès que possible j'ai préféré m'installer au loin, dans une ville beaucoup plus grande (pas assez grande hélas).
Désormais à Metz, une annexe du Centre Georges Pompidou est en construction. (cf. la webcam qui filme les travaux)
Est-ce que cela va faire de Metz une ville accueillante pour les artistes qui pourraient y vivre ? Est-ce que cela va enfin créer des débouchés ?
Je crains que non, ayant l'expérience du rapport entre les institutions et les artistes en Rhône-Alpes.
À Metz il s'agit très clairement d'un projet top-bottom (du haut vers le bas), destiné à fournir de nouveaux mètres carrés d'accrochage aux collections du Centre Pompidou, et à en amortir davantage les expositions (gros sous…).
Néanmoins, allant prendre le train du retour en gare de Metz, ce fut une bonne surprise de trouver ouverte la porte de l'ancien buffet de la gare, et d'y découvrir une œuvre spectaculaire de Jean Tinguely (1925-1991) : L'Enfer, un petit début (1984) ; exposée dans le cadre des expositions Constellation en préfiguration de l'ouverture du centre.
J'ai déjà eu l'occasion de voir cette œuvre à plusieurs reprises à Beaubourg (et même à Lyon). Mais ici, elle entre en résonance avec un environnement très fort, celui de la grande salle du buffet de la gare, aujourd'hui dite "salle de La Chope" ; ainsi qu'avec l'univers machinique des chemins de fer.
Les quelques photos que j'ai prises sont loin d'être excellentes, mais elles donnent une idée de l'interaction avec le lieu d'exposition.
À noter que l'œuvre s'anime avec force grincements tous les quarts d'heure.
Les réalisations de Jean Tinguely, qui a connu un grand succès dès les années 50, 60, s'avèrent de plus en plus pertinentes au regard de l'évolution du monde contemporain. Les thématiques principales en sont le mouvement, la machine, le recyclage des matériaux, l'humour, le fun, l'absurdité, la vie, la mort, l'autodestruction… L'Enfer, un petit début (1984) perpétue de façon renouvelée et surprenante la tradition des vanités.
Une autre bonne surprise est de pouvoir revoir la grande photographie de Patrick Tosani, totalement intégrée à l'espace de la salle, 15 h 46, qui a fait l'objet d'une commande publique en 1988.
(à voir, ainsi que de nombreuses autres expositions Constellation en différents lieux de la ville et de la région messine, jusqu'au 4 octobre 2009)
01:56 Écrit par kl loth dans en revenant de l'expo (de la conf. etc.), Metz encore | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : metz, centre pompidou, art contemporain, tinguély, enfer, gare de metz |