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jeudi, 11 octobre 2007

Dirty Kiss (suite)

Quelques nouvelles à propos de l'œuvre de Cy Twombly qui a été entachée de rouge à lèvres :
- la restauration devrait coûter 16.000 euros
- le tribunal qui a examiné l'affaire le 9 octobre dernier propose une amende de 4.500 euros et un stage de citoyenneté pour Rindy Sam, l'auteur du baiser indésirable.
Verdict le 16 novembre prochain.

(un stage dans les musées pour découvrir les problèmes de conservation de œuvres me semblerait approprié)

Cy Twombly, le peintre, âgé, fragile, se déclare "extrêmement choqué".

Pour avoir une idée de l'œuvre en question, mais une idée vague, car on ne voit pas grand chose…

13:20 Écrit par kl loth dans rôle et place de l'art | Lien permanent | Commentaires (15) | Tags : Cy Twombly, baiser, vandalisme, Rindy Sam, droit de l'art |

dimanche, 05 août 2007

"Dirty" kiss ?

La question du vandalisme des œuvres d'art m'interpelle depuis longtemps. Serait-ce la preuve du fort impact (y compris négatif ?) de l'art sur le spectateur ?

Le 19 juillet dernier, Rindy Sam, une jeune femme elle-même peintre, emportée par son enthousiasme (son inconscience) dépose un baiser sur une toile de Cy Twombly, laissant une trace de rouge à lèvres sur la surface immaculée.
S'agit-il comme voudrait le faire croire la jeune femme d'une plus value artistique ? D'un acte d'amour ?
La législation sur la propriété artistique est claire : nul sauf l'artiste n'a le droit de modifier une œuvre. Il y a donc vandalisme.
Certes, on peut, comme Éric Mézil le rappelle dans un article du Monde, penser au Baiser de l'artiste, performance d'Orlan en 1977, mais ces baisers-là étaient l'objet d'une transaction avec des visiteurs consentants.
On peut encore penser au Erased de Kooning Drawing, dessin laborieusement gommé, effacé par Robert Rauschenberg en 1953, alors qu'il était artiste débutant.
Mais pour cet acte radical et inouï, Rauschenberg avait dû se donner la peine de persuader Willem de Kooning de lui laisser un de ses dessins. Celui-ci après réflexion avait accepté de jouer le jeu à fond, en choisissant pour cela un dessin qui lui tenait à cœur (savez-vous qu'il subsiste un autre dessin de de Kooning au verso ?).
Ici nul accord de Cy Twombly nullement consulté. Rindy Sam s'arroge le droit dans son envolée narcissique de modifier l'œuvre d'un autre. Et même si le résultat a une éventuelle beauté, elle n'a pas le doit d'agir ainsi. Sinon, pourquoi d'autres personnes ne pourraient-elles pas en faire autant ? On peut imaginer qu'alors l'œuvre finirait par ressembler aux pages gribouillées des "livres d'or" qui figurent à l'entrée des lieux d'exposition, ou encore à un mur tagué par des barbouilleurs sans talent ?
Si l'on poursuit la logique de la comparaison avec un geste d'amour, n'oublions pas qu'entre personnes, des manifestations d'amour non acceptées sont de l'ordre du harcèlement, juridiquement punissables.
Et ici, l'œuvre est désormais modifiée, la restauration s'avère difficile… La presse parle d'une toile blanche, je pense qu'il doit plutôt s'agir d'un "monochrome" blanc, qui peut donc être à la fois immaculé et très travaillé (et non d'une toile vierge). Cette toile datant d'une trentaine d'années, il est donc impensable que l'artiste puisse la refaire à l'identique. Chaque émotion ne se vit qu'une fois…

Une œuvre saccagée, c'est très douloureux à vivre. Lors de ma première exposition dans un lieu public, un visiteur raya rageusement, profondément, la citation "famille je vous hais" qui figurait dans mon installation. Ce fut pour moi un traumatisme…


00:50 Écrit par kl loth dans comportements…, rôle et place de l'art | Lien permanent | Commentaires (12) | Tags : cy twombly, baiser, vandalisme, rindy sam, droit de l'art |