samedi, 22 août 2009
François Cini intervient à l'école maternelle Gilbert Dru (Lyon)
Pour un artiste, intervenir en classe maternelle n'est pas forcément une mince affaire : les possibilités des bambins sont encore très limitées, et la question de l'éveil artistique des enfants est déjà très balisée, typée, par de nombreuses expériences.
Ayant eu moi-même l'occasion de me frotter à cette difficile activité dans le cadre d'un projet intitulé l'Empreinte des Mots, je n'en apprécie que davantage la réussite de François Cini, invité depuis trois ans à l'école maternelle Gilbert Dru dans le 7e arrondissement lyonnais par le centre de ressources national Enfance Art et Langages - Lyon.
François Cini, plasticien, diplômé en design d'espace, est un observateur attentif de nos vies quotidiennes en milieu urbain. Par le biais d'une radicale simplicité, de subtils décalages, il propose une redécouverte ludique et critique du monde qui nous entoure et de nos comportements : un œil neuf !
C'est cette expérience qu'il s'est attaché à transmettre aux jeunes enfants, qu'il a guidés lors de nombreuses sorties dans la ville, dans le quartier autour de l'école, dans des expositions d'art contemporain judicieusement choisies (Erwin Wurm, Repartir à zéro…). Toujours en associant l'observation à des savoirs urbains (se repérer dans la ville, se déplacer, découvrir la vie des habitants), à une appropriation active (création de peintures, prises de photos, fabrication ou modification d'objets…), à une ouverture à l'imaginaire (l'Utopie, Drutopie…), à un partage des émotions et des décisions.
Les travaux font l'objet chaque fin d'année scolaire d'une petite exposition dans l'école : une énergie communicative se dégage de propositions parfois surprenantes, que les enfants aiment à réactiver spontanément par le jeu.
Plus qu'une transmission de compétences artistiques (ce dont on n'est jamais assuré sur le long terme), François Cini a pour souhait d'aider les enfants à devenir plus tard des adultes curieux du monde qui les entoure. Son action dans les classes, son implication dans le projet d'Enfance Art et Langages, sont tout-à-fait à la hauteur de cette ambition !
Quelques images des expositions de fin d'année :
en 2006-2007
observent les textures…
(ici en empreintes photographiques)
- une affiche "LA BEAUTÉ EST DANS LA RUE"
- et un sèche-bouteilles qui évoque les ready-made de Marcel Duchamp.
Tout un programme !
Quelques blogs de F. Cini :
— DRUTOPIE - Ici et là, (petits) drutopistes debout !
— lidiotduvillageglobal (avec des collaborations)
À lire sur Daily Life : "François Cini et ses dessins habités"
"ENFANCE ART ET LANGAGES est un programme innovant né en juin 2002 de la volonté de la Ville de Lyon, en partenariat avec les ministères de l’Education nationale et de la Culture, de faire de l’éducation artistique pour la petite enfance une priorité.
[…]
Depuis six ans, dix-huit écoles maternelles se sont engagées dans ce projet aujourd’hui unique en France, en accueillant deux à trois ans de suite, durant toute l’année scolaire, un artiste en résidence au sein de l’école." (cf. le site d'Enfance Art et Langages, où se trouvent également plusieurs documents intéressants téléchargeables en .pdf)
04:21 Écrit par kl loth dans en revenant de l'expo (de la conf. etc.) | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art, art contemporain, école, maternelle, initiation, espace, artiste |
mercredi, 05 novembre 2008
"Fabricateurs d'espaces" (Institut d'art contemporain)
Lorsque l'on arrive dans la rue du Docteur Dolard pour se rendre à l'exposition "Fabricateurs d'espaces", force est de constater que la silhouette famillière de l'Institut d'art contemporain a disparu, masquée derrière une énorme palissade (à ce jour exempte de tout graffiti). Il s'agit en fait non d'un chantier, mais de la première installation de l'exposition : Demolirer Polka de Hans Schabus (2006), où les hauteurs des planches de bois évoquent les notes de musique de l'œuvre du même nom de Johann Strauss.
Le ton de l'exposition est donné d'emblée : économie formelle, grande échelle, impact physique sur le spectateur, radicalité.
Plutôt que de décrire l'ensemble des œuvres, je parlerai de celles qui me semblent les plus frappantes.
Guillaume Leblon, a récupéré les ailes d'un moulin qu'il a déployées en travers de deux salles du l'institut, par l'ouverture qui les fait communiquer.
Basculement, précarité, fragilité d'une structure sous laquelle il faut se faufiler (Four Ladders, 2008).
L'œuvre de Vincent Lamouroux, AR. 07 (2008) est installée dans la salle la plus basse de l'institut, qu'il faut atteindre par quelques marches à descendre. Là, d'énormes cubes sont agglutinés, emboîtés. Toute la salle — cubes y compris — baigne dans un blanc un peu rosé, extrêmement poudré et lumineux, qui donne l'impression de se mouvoir dans un espace cotonneux, où le sol semble devenir mou et les repères spatiaux basculer.
Quand on arrive dans la salle de Jeppe Hein, il n'y a a priori rien à voir, mais un œil observateur peut se rendre compte que les lieux ne ressemblent pas au plan fourni pour la visite. Alors ?
En fait le mur du fond se déplace imperceptiblement grâce à un mécanisme invisible et la salle change perpétuellement de configuration, chaque déplacement du mur durant trois heures environ.
Changing Space (2003) est donc une interprétation radicale du White Cube (conception de l'espace d'exposition qui serait "parfait"). L'œuvre, dépouillée à l'extrême, s'avère, si l'on accepte d'en jouer le jeu, marquer puissamment l'imaginaire.
Quant à l'autre œuvre de Jeppe Hein, la perception en est radicalement différente : un banc moelleux face à un grand miroir semble inviter le spectateur à un peu de repos…
Pouf !
Un épais nuage de fumée apparaît sitôt assis, qui fait disparaître le Narcisse occasionnel ! (Smoking Bench, 2003)
Ultime facétie d'une exposition en apparence austère, mais jamais ennuyeuse ni insignifiante.
(Fabricateurs d'espaces, Institut d'art contemporain de Villeurbanne, jusqu'au 4 janvier 2009. Renseignements ici)
01:50 Écrit par kl loth dans en revenant de l'expo (de la conf. etc.) | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art, art contemporain, espace, installations d'art, jeppe hein, hans schabus, vincent lamouroux |
jeudi, 22 mai 2008
Lieu
"Ce que j'entends par lieu, c'est là où l'on se souvient avoir été — un endroit qui n'est pas seulement constitué d'espace mais aussi de temps. Il faut qu'il soit les deux, qu'il possède ses qualités propres, qu'il s'agisse d'architecture, de sons ou d'événements."
(Anri Sala, à propos de l'œuvre Air Cushinoed Ride de 2006, cité in Anaël Pigeat, "Anri Sala", Art Press n° 346, juin 2008, p. 93)
Une approche intéressante de la notion de lieu, et même de paysage dans l'art contemporain…
16:54 Écrit par kl loth dans au fil des lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, art contemporain, lieu, paysage, anri sala, espace, temps |
dimanche, 14 mai 2006
Les lieux et le temps
Sur le blog de François Bon cette phrase :
Il existe dans les lieux ordinaires des points qui permettent de traverser le temps, mais ils ne nous sont pas en permanence visibles.
Cette phrase, qui apparaît dans le contexte d'un récit de rêves récurrents, peut aussi s'appliquer à l'évolution d'un lieu, aux souvenirs que l'on en garde. Elle me semble pertinente par rapport à l'approche des lieux que j'essaie de faire dans Daily Life...
12:05 Écrit par kl loth dans au fil des lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : françois bon, lieux, temps, rêve, espace |