samedi, 22 septembre 2007
Habiter une ville (Julien Gracq)
Habiter une ville, c'est y tisser par ses allées et venues journalières un lacis de parcours très généralement articulés autour de quelques axes directeurs. Si on laisse de côté les déplacements liés au rythme du travail, les mouvements d'aller et retour qui mènent de la périphérie au centre, puis du centre à la périphérie, il est clair que le fil d'Ariane, idéalement déroulé derrière lui par le vrai citadin, prend dans ses circonvolutions le caractère d'un pelotonnement irrégulier. Tout un complexe central de rues et de places se trouve pris dans un réseau d'allées et venues aux mailles serrées ; les pérégrinations excentriques, les pointes poussées hors de ce périmètre familièrement hanté sont relativement peu fréquentes. Il n'existe nulle coincidence entre le plan d'une ville dont nous consultons le dépliant et l'image mentale qui surgit en nous, à l'appel de son nom, du sédiment déposé dans la mémoire par nos vagabondages quotidiens.
(Julien Gracq, La Forme d'une ville, José Corti, 3° édition 2006, pp. 2-3 (1ère édition 1985))
01:05 Écrit par kl loth dans au fil des lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ville, Julien Gracq, parcours, déplacements, mémoire, littérature |