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vendredi, 25 janvier 2008

Mise en "abyme"…

Conférence fort intéressante que celle de Michel Pastoureau, hier, à la Bibliothèque de la Part-Dieu (Lyon). C'est un historien qui à partir d'études sur l'héraldique a étendu ses recherches à des sujets tels que l'histoire des couleurs, des tissus rayés, et tout récemment l'ours.

À noter sa réfutation de l'attribution à l'héraldique de l'origine de l'expression "mise en abyme". En effet, au Moyen-Âge, la lecture des images n'était pas encore influencée par la découverte ultérieure des lois de la perspective, et se faisait en commençant par le fond, en progressant jusqu'à notre actuel premier plan. Un écusson dans un écusson n'est donc nullement placé dans un abîme profond, mais bien mis en avant, au sommet, sur le tout du tout !

12:50 Écrit par kl loth dans en revenant de l'expo (de la conf. etc.) | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : mise en abyme, Pastoureau, héraldique |

lundi, 07 janvier 2008

M & M's ou le "devenir-vieilles" (Françoise Bénassy et Line Clément)

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Depuis plusieurs années déjà, Françoise Bénassy et Line Clément s'échangent de bien singuliers courriers.
Si à première vue, ces courriers présentent beaucoup des caractéristiques du mail art, notamment collages et détournements… une lecture plus attentive révèle bien des surprises.
D'ailleurs, ce ne sont pas exactement Françoise Bénassy et Line Clément qui s'écrivent, mais plutôt leurs avatars respectifs, Madeleine Lacroix et Marcelle Pinturault, dames d'un certain âge… On entre là dans la fiction !
Une fiction pleine d'humour qui narre le quotidien, les tracas, les manies de ces deux mémés et de leur vaste réseau social.

Le mail art, bien qu'ayant des racines plus anciennes, s'est surtout développé à partir des années soixante du siècle dernier. Cette pratique artistique s'est popularisée au point de faire partie maintenant des loisirs créatifs, aux côtés du scrapbooking, de l'aquarelle ou de ce que l'on appelait autrefois "ouvrages de dames".
L'aspect formel du mail art, ses techniques (récupération, collage etc.), se sont progressivement banalisées, partiellement "désactivées". Il est donc temps pour les artistes de pousser plus avant le travail sur le contenu des courriers… ce qu'ont fait nos deux épistolières, en imaginant justement que deux dames de milieu social modeste, ainsi que leurs amies, s'emparent de l'art postal pour échanger leurs menus papotages.

Au fil des années, l'échange a pris de l'ampleur, est devenu foisonnant. Il a la dimension d'un récit mêlant de nombreux personnages. Oserai-je dire qu'il bruit de mille voix ?
Françoise Bénassy, après une solide expérience de radio rock, s'est formée à la musique contemporaine. Line Clément est à la fois plasticienne et expérimentée dans la pratique de l'improvisation théâtrale. Toutes deux ont donc confectionné les courriers des commères en ayant en tête une possible dimension orale, qu'elles souhaitent développer sur d'autres supports…

Les héroïnes fictives, Madeleine Lacroix et Marcelle Pinturault, sont des dames âgées, dont la vieillesse est explorée avec beaucoup d'humour. Un jour - forcément -, Françoise Bénassy et Line Clément, atteindront cet âge… et s'appliquent de façon ludique à en désamorcer la hantise !

samedi, 05 janvier 2008

Petit éloge de la douceur (Stéphane Audeguy)

"La douceur est vouée à une irrémédiable minorité : ce charme est son secret. C'est précisément pourquoi, il me semble, toutes sortes de forces politiques, sociales, morales s'acharnent à la falsifier. Toute force réactive hait la douceur et cherche à la remplacer par d'odieux simulacres : la mièvrerie, la niaiserie, l'infantilisme, le consensus.
Je propose d'appeler ici douceur l'ensemble des puissances d'une existence libre ; définition générale, mais non vague, si l'on veut bien y réfléchir." (pp. 9-10, extrait de "Introduction à la vie douce")


À lire, à relire, pour s'en imprégner peu à peu : Petit éloge de la douceur, de Stéphane Audeguy (Gallimard, coll. Folio, 2007), qui explore par ordre alphabétique différentes facettes souvent surprenantes de la douceur.
Parmi mes articles préférés : "Assujettissement" (pp. 18-19), "Éponge" (p. 52), "Soleils couchants" (p. 114) ou encore "Winnie l'ourson" (p. 133)…

"Tout ce qui dans le monde fut mineur ou le demeure, les enfants, les femmes, les animaux, les peuples dits barbares, et même certains hommes, tout ce qui dans le monde des personnes sérieuses n'a pas de place, les nuages, les fleurs, l'amour, la mer, tous ces petits riens qui nous sont tout : voilà ce avec quoi l'art collabore (même s'il n'en parle pas explicitement ; certains iraient même jusqu'à dire : d'autant plus qu'il n'en parle pas, pour des raisons stratégiques que tout artiste véritable comprendra aisément). C'est également ce qui fait de l'art une activité profondément politique. L'art s'occupe de ce qui reste : reliquaire parfaitement laïc, attentif aux signes de la vie, et jusque dans la mort." (pp. 41-42, extrait de "Concept")

Stéphane Audeguy, Petit éloge de la douceur, Gallimard, coll. Folio, 2007.

01:10 Écrit par kl loth dans au fil des lectures, en revenant de l'expo (de la conf. etc.) | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : douceur, Audeguy, art |

dimanche, 09 décembre 2007

À l'envers

À l'occasion de Superflux 2007, une intervention de Michel Jeannès et La Mercerie, rue d'Anvers (ancienne rue des Asperges), à proximité de la galerie Roger Tator.
Anvers à l'envers…
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Depuis le 8 décembre 2000,
la Mercerie & Michel Jeannès

participent au festival "Superflux"

par la réanimation annuelle

d'un "délaissé lumineux",

enseigne d'un garage devenu parking.

Cette pièce autonommée,

in situ et in tempo se pérennise au fil du temps

en marqueur de la chronométrie

du festival "Superflux"

et "Anvers du credo"

de la fête des Lumières elle-même.

extrait du site de La Mercerie

samedi, 08 décembre 2007

Superflux 2007 - Fête des Lumières (Lyon)

À l'occasion de la Fête des Lumières de Lyon, la galerie Roger Tator organise Superflux dans le 7e arrondissement, un parcours d'œuvres lumineuses souvent originales, en tout cas moins tape-à-l'œil que les animations du centre-ville.
Comme l'édition de l'an dernier, les œuvres sont réalisées à partir de grandes boîtes en bois, les "lightboxes".

Une "Musicbox", indépendante du parcours Superflux

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ZOÉ BENOIT : "EN ALTERNANCE"
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SYLVAIN GADEL & VINCENT FREVILLE : "LIGHT LIGHT"
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ARMELLE CARRON : "METTRE LE CIEL EN BOÎTE"
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LAURA TODORAN : "LIGHT BOX COSMIQUE"
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Cette œuvre qui comporte des points qui reflètent la lumière est très difficile à photographier. Les points blancs de la photo apparaissent en utilisant le flash, mais l'œil humain voit des taches de lumière bleue sur un fond plus nocturne.

GUILLAUME CROUZIER : "POUR UN MONDE DE JOUISSANCE À GAGNER, NOUS N'AVONS À PERDRE QUE L'ENNUI"
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LAURENT PERNEL (dont j'ai déjà parlé) : "LILIPUT"
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Dans l'Îlot d'Amaranthes, LIISA KYRONSEPPA : "HEIJASTKUSIA REFLECTIONS"
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samedi, 24 novembre 2007

Place Lazare Goujon (Philippe Favier)

La place Lazare Goujon, point central de Villeurbanne, entre l'Hôtel de Ville et le Théâtre National Populaire, vient d'être réaménagée et accueille maintenant une œuvre de Philippe Favier au fond de deux bassins miroirs.
Philippe Favier a réalisé également une œuvre pour le parking souterrain situé en dessous de cette place : Regret des Oiseaux (Lyon Parc Auto).
Le résultat est séduisant et s'intègre bien à son environnement.

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samedi, 22 septembre 2007

Les panneaux publicitaires de Patrick Mimran

Suspendus au-dessus de l'avenue Foch dans le 6e arrondissement lyonnais, les panneaux publicitaires de Patrick Mimran intriguent. Ils sont faits pour ça d'ailleurs !

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17:45 Écrit par kl loth dans en revenant de l'expo (de la conf. etc.) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Patrick Mimran, artiste, art, art urbain |

samedi, 15 septembre 2007

Les galeries de la rue Burdeau

Cela fait plaisir de voir à Lyon une rue "noire" de monde à l'occasion des vernissages synchronisés dans plusieurs galeries d'art voisines !

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Certains comparent même la rue Burdeau où sont désormais regroupées plusieurs galeries à la rue Louise Weiss à Paris…

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Néanmoins, la qualité des choix esthétiques varie du meilleur au pire : hormis quelques bonnes galeries, et malgré ce que proclame cette petite peinture, on est loin de la qualité d'ensemble des expositions de la rue Louise Weiss.

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Il vaudra mieux éviter certains lieux, sous peine d'en ressortir chagrin !

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(paste-up de Jef Aérosol)

© kl loth 2007

À voir :
- Le Réverbère, galerie photo contemporaine
- Chez Néon
- La Salle de bains (qui enménagera bientôt rue Burdeau)

22:00 Écrit par kl loth dans en revenant de l'expo (de la conf. etc.) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : galeries d'art, art, art contemporain, lyon |

lundi, 23 juillet 2007

Des notes…

Il y a quelque temps, je recopiais ici une longue citation concernant les carnets de notes des écrivains.
La revue "Bulletin de liaison NOTES", animée par Catherine Jackson (avec la complicité pendant plusieurs années de Sofi Hémon) offre des notes une approche très intéressante, que l'on peut découvrir sur papier, mais aussi par sa version internet.

Partant de cette idée que l'écriture appartient aussi bien aux plasticiens qu'aux écrivains, ainsi qu'à tout un chacun, je m'intéresse aux détours par l'écrit - par un photographe, un mycologue ou une danseuse par exemple, un musicien ou un jongleur. L'objet de ce bulletin étant ce passage par une écriture (écrits, inscriptions, traces) plus ou moins à l'écart de l'oeuvre ou de l'activité de son auteur, fut-ce pour un écrivain. Ce sont ces écrits que je rassemble sous le terme de notes : notes de travail, marginales, listes, notes d'atelier, notes de voyages, factures, notes d'écoute, relevés, notes professionnelles, photonotes, annotations, notes retravaillées...

La revue explore et dessine ainsi les chemins de traverse d'une cartographie, lacunaire, de la forme
note.
(Catherine Jackson, "Le bulletin de liaisons NOTES : cheminement", notesbulletin.net, consulté le 23/07/07)

Parmi les contributions des "noteurs", on peut découvrir celle de Michel Jeannès, artiste qui apparaît de temps en temps sur Daily Life, dans les commentaires… dans les récensions
D'autres auteurs dévoilent aussi leur rapport aux notes, leurs choix de mise en forme : je citerais Siegfried Plumper-Hüttenbrink, Fabienne Swiatly, Cécilia de Varine, Dominique Blaise, Henri Cueco… mais il y en a encore bien d'autres à découvrir !

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(la boîte à boutons brûlée de Line Clément)

samedi, 14 juillet 2007

Turzi Delight

La tendance des musiciens à reprendre les styles musicaux des dernières décennies me met souvent mal à l'aise, malgré quelques belles réussites, comme The Blood Arm… J'ai l'impression de vivre un court-circuit temporel, dont je n'apprécie que rarement la dimension nostalgique.

Il n'en va pas de même de Turzi qui a en quelque sorte bouturé le Krautrock et plein d'autres bonnes choses, et obtenu des cultivars robustes et très florifères.
On retrouve l'essentiel, débarrassé de toute nostalgie anecdotique : des rythmes nerveux et hypnotiques comme ceux de Can, et une écriture qui apparaît de plus en plus fouillée, ciselée à chaque écoute.
Une musique qui fait redécouvrir le sentiment si étonnant d'être en symbiose !

23:45 Écrit par kl loth dans en revenant de l'expo (de la conf. etc.) | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musique, Turzi, krautrock, electro |

mardi, 26 juin 2007

Plein les mirettes

Ici et maintenant ?
Maintenant, c'est un vernissage à la galerie BF15 à Lyon, le 21 juin dernier, pour voir une installation de Laurent Pernel.
Mais ici, c'est aussi ailleurs, car l'artiste transforme la galerie actuellement en chantier en l'évocation d'un lieu somptueux, une salle du Ministère de la Culture !
Nul trompe-l'œil, la métamorphose est opérée à l'aide d'un matériau à la fois banal et chargé d'intensité dramatique : des couvertures de survie. Le processus reste évident, et suscite la complicité rêveuse du spectateur…

En juin 2005 déjà, Laurent Pernel avait fait muer la façade de la galerie Roger Tator sise rue d'Anvers en maison… anversoise justement, à l'aide d'aluminium rappelant les tablettes de chocolat (belge ?). Le résultat était stupéfiant !
(exposition Gezichtwerpen)

Il a une approche de l'installation qui pulvérise le travers fréquent de l'installation "spécifique au site" (site-specific), où la focalisation sur les spécificités du lieu amène à la redondance (l'exemple n'est pas de moi, mais il est éloquent : faire une installation sur le thème du nougat à Montélimar…).
Non, ici c'est aussi ailleurs !

Lire aussi : l'interview de Laurent Pernel sur le site L'art est public.

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dimanche, 03 juin 2007

Inventer le réel

Les Assises internationales du Roman ont eu lieu aux Subsistances à Lyon et se terminent par une dernière table ronde sur le thème "Inventer le réel".
Mais à propos de réel, cette table-ronde sera loin de m'apporter une réponse à la question de savoir comment utiliser cette photo par exemple, là, maintenant, alors que j'attends le tramway et qu'une pie vaque au niveau des rails…

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En fait je triche, ce n'est pas cette photo-là que je montre, mais une autre, prise ailleurs, où la pie, une autre pie, est davantage visible…

18:30 Écrit par kl loth dans en revenant de l'expo (de la conf. etc.) | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : réel, quotidien, fiction, roman |

samedi, 07 avril 2007

Avis d'art en Aravis

"Avis d'art en Aravis" c'est tout un parcours d'art contemporain dans les vallées autour de Thônes, qui réunit cette année six artistes.
J'ai parlé précédemment de la réalisation de La Mercerie, je parlerai cette fois-ci de quelques unes des œuvres d'autres artistes. Mais de façon toute subjective et sans prétendre à l'exhaustivité. Je n'ai pas tout vu, loin de là…

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À Serraval, Marie Goussé a réalisé "Déambulatoire" (avec l’aide des élèves de "Bepa filière bois" de la Maison familiale Rurale de l’Arclosan). Cet espace permet de s'immerger entre des toiles translucides.
L'expérience de divers corridors, pavillons et labyrinthes a été plusieurs fois proposée depuis les années soixante, je pense notamment à Bruce Naumann, Robert Morris, ou encore Dan Graham… Mais à la différence des pavillons de Dan Graham, dont les parois de verre réfléchissant ou non, attirent l'attention à la fois sur les autres spectateurs et sur l'image de soi, le "Déambulatoire" de Marie Goussé, a contrario, semble absorber les corps. On à l'impression d'être au sein même d'un morceau de nuage affleurant la montagne !
Par contre le rapport à la dendrochronologie, science de la datation par les arbres, que revendique l'artiste, n'est guère perceptible.

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Au Bouchet Mont Charvin, Françoise Riganti propose Les jardins vagabonds, réalisés avec des habitants bénévoles du village.
Ces structures en bois, d'une belle couleur rouge abritent divers types de fleurissement et sont répartis en plusieurs endroits. Mais le geste sculptural reste discret et ces jardins ne se démarquent pas suffisamment de la récupération de palettes pour la réalisation de jardins nomades…

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À Manigod, Christophe Cuzin perturbe l'aspect d'un bâtiment communal par son "Décalage". Les couleurs vives utilisées interpellent les habitués des lieux. Pourtant, comme le rappelle le sympathique patron du café situé juste en face, elles seraient proches d'une tradition aujourd'hui perdue.

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À Alex, c'est Ghyslain Bertholon qui est intervenu. Cet artiste qui a exposé récemment à la galerie Verney-Carron de Villeurbanne, mêle imagerie kitsch et questionnements contemporains. Deupatozaurus confond avec beaucoup d'humour squelette et pièces mécaniques : la "deux-pattes" devient mythique souvenir dans un futur où la voiture aura peut être disparu…

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Patrice Ferrasse, quant à lui, s'immisce dans les conventions de la signalétique pour produire de nouveaux sens, critiques, voire humoristiques. Aux Villards sur Thônes, le panneau de signalisation Fin de route prioritaire s'orne d'une ceinture de sécurité, au Showroom Mobalpa de Thônes un panneau "Stationnement autorisé" incite à se laisser racoler sur la voie publique…

23:40 Écrit par kl loth dans en revenant de l'expo (de la conf. etc.) | Lien permanent | Commentaires (14) | Tags : avis d'art en aravis, art contemporain |

jeudi, 05 avril 2007

Une tonne de boutons ! (La Mercerie)

C'est en 1997 déjà, que Michel Jeannès commença à s'intéresser au bouton. Ce Plus Petit Objet Culturel Commun, devenu le vecteur d'une démarche artistique participative, s'avère particulièrement évocateur et génère depuis lors un foisonnement de récits de vie et d'œuvres.
Ces récits, recueillis sur des fiches, font affleurer les émotions qui jalonnent la vie des participants, et mettent au jour l'importance de la transmission générationnelle, ainsi que le rôle précieux qu'y jouent les mères : ce que Michel Jeannès conceptualisera sous le terme de "matrimoine".

C'est désormais dans le cadre du collectif La Mercerie, dont Michel Jeannès est le "chargé de projets artistiques", que l'aventure se poursuit.

À Thônes, à partir d'une tonne de boutons, pour l'exposition "Avis d'art en Aravis", La Mercerie déploie différentes facettes de ses activités.
Dans le showroom Mobalpa, une part importante de la tonne de boutons est déversée au sol, autour d'un moniteur vidéo. Le tas ("stack") — forme étudiée par Maurice Fréchuret dans Le Mou et ses formes —, un jalon important de l'histoire de la sculpture au XXe siècle, n'est pas ici une fin en soi. Il n'est pas non plus destiné à disparaître et fondre dans la bouche des visiteurs comme les tas de bonbons de Felix Gonzalez-Torres… mais susceptible d'être réorganisé dans le cadre d'une Centrale de tri, processus d'apprentissage des épineux problèmes de choix et de classification, à expérimenter de façon ludique dans des animations à l'attention des enfants. Le résultat est présenté plus loin, dans des bocaux de confiture rutilants.
Une autre question éthique est illustrée par une vidéo tournée il y a quelques années dans le quartier de la Duchère, où des mains boutonnent et déboutonnent, en une sorte de mouvement de ressac : "Life ? Nothing but buttonnig and unbutonning" (George Bernard Shaw).
À l'extérieur de l'exposition, La Mercerie présente sur la place du marché un petit chalet-échoppe orné du "boutikon", smiley (ou émotikon) exclusif, représentant un bouton à quatre trous, rappel de la page d'accueil du site internet lamercerie.eu. Si l'on en franchit le seuil, on découvre des parois revêtues de boutons insérés sous plexiglas, tels des vitraux entourant quelques exemples de fiches participatives chargées de boutons et de vécu, présentées sur une sorte de pupitre (de lutrin ?). Des fiches vierges sont à disposition. Prêtes à recueillir de nouveaux souvenirs…

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Pour voir plus de photos de cette exposition, cf. le site de La Mercerie

Bibliographie :
- Michel Jeannès, Zone d'intention poétique, Bruxelles, La Lettre volée, 2005
- Maurice Fréchuret, Le Mou et ses formes. Essai sur quelques catégories de la sculpture du XXe siècle, Paris, (énsba), 1993

dimanche, 25 février 2007

Trancher dans le réel… (Frédéric Lefeuvre)

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L'odeur du granit

Territoires intimes d'Armorique

Le photographe tranche dans le réel, communément on dit qu'il écrit avec la lumière. Derrière la toile des apparences que capte la rétine, avant que les dés ne soient jetés, il a le pouvoir d'offrir une face visible au vécu intime des choses.

Je construis des images en passant, en passeur si possible, tout en laissant disponible ma pensée, et en pansant les plaies du temps à partir d'une géographie intérieure et muette. Aucune chapelle esthétique ne se cache derrière elles. Elles se veulent l'union d'une rencontre et d'une émotion. De celle qui est marquée par une quête de l'insaisissable.

Tout d'abord, au niveau de l'acte de prise de vue, mon cheminement se nourrit d'histoires anciennes et de la vibration des lieux ; c'est une forme de photographie contemplative à l'écoute des silences et des signes de ce qui « a été ». On fait toujours les mêmes photographies, on marche toujours vers le même horizon, on creuse toujours le même trou pour faire naître toujours plus d'apparitions. Il faut toujours chercher ce qui est derrière le cadre assassin du photographe.

Ce qui m'émeut, c'est le contact direct de la main avec les fibres du papier bromure qui révèle le négatif exposé par la chambre noire. Je procède avec des produits actifs par tamponnage, par caresses et par glissements successifs d'arabesques sur le support baryté. Les vapeurs murmurent avec le hasard. Parfois l'émulsion dégage des saveurs délétères, elle fume, elle brûle, elle irrupte des ombres sorties de mes mirages ; ce qui doit « être » depuis mes chaudrons infernaux, persistera et existera.

Dans mes paysages de Bretagne, j'espère renouer avec l'authenticité et la beauté d'un territoire qui souffre d'un déficit esthétique dans sa perception. Je recherche le lien, puis l'empreinte. La pensée ne se détruit pas, elle remonte toujours le puits du temps. C'est tout le contraire d'un système : le mode opératoire est aléatoire et détaché de la technique ; le but est de se perdre en chemin, de se mettre en danger parmi une mosaïque de paysages et de nouvelles frontières.

En fait, j'opère en utilisant une forme d'écriture automatique portée par une sensibilité en rupture. C'est une histoire de respiration et de fenêtres ouvertes sur une ballade poétique. Ma démarche est une œuvre de « déconstruction » des images telles que la société les conçoit. Notre regard est devenu économique et sous contrôle. Aussi, il m'importe plus que jamais de maintenir mes désirs photographiques dans la magie et le souffle si vulnérable de la vie.

Frédéric Lefeuvre
Février 2007


medium_FL-Tome-IX-2-07.jpgLe texte et la photo proviennent du dernier livre d'artiste de Frédéric Lefeuvre qui date de février 2007,
à travers sa collection : Les Editions du Chêne Rouge limitées à 12 Tomes de 12 exemplaires.
Le dernier livret paru à ce jour est le N°9 qui se nomme : L'odeur du granit en référence aux émotions
que l'on éprouve parmi les chemins creux de Bretagne,
la rencontre du minéral, de la nature et du vent.

samedi, 17 février 2007

La tête dans les nuages (Yona Friedman)

La première impression est de se trouver face à quelque chose de dérisoire. Dans l'immense salle de 500m2 du Musée d'Art Contemporain de Lyon se déploie et se contorsionne un fin grillage à mailles carrées de type "cage à poules".
Le matériau accroche étonnamment la lumière et le regard grâce à de fines paillettes... Petit-à-petit l'œuvre fascine... semble de l'ordre du nuage, et devient onirique.

C'est une "étude d'espace" de l'architecte-artiste Yona Friedman.

21:25 Écrit par kl loth dans en revenant de l'expo (de la conf. etc.) | Lien permanent | Commentaires (0) |

lundi, 04 décembre 2006

François Cini et ses dessins habités

François Cini avait montré jusqu'à présent sa recherche sur l'espace public urbain, que ce soit dans le cadre du collectif lidiotduvillageglobal, ou en solo : l'exposition "L'éloge de la pfuitt" (une exposition "mit pfiff" pourrait-on dire en utilisant cette belle expression allemande) à l'Ideth de Lyon, en avril-mai 2006.

Dans sa nouvelle exposition "EMPRUNT(E)S : quelques changements de classe. Dessins habités" (à la bibliothèque du 1er arrondissement lyonnais, du 21/11 au 8/12/2006), il explore la relation aux livres.
Il met en tension son vécu personnel avec la rencontre de l'autre, par le hasard des traces laissées dans les livres des bibliothèques (les marque-pages), les rendez-vous dans les agendas (clin d'œil aux journaux intimes ?), les surprises de l'ego-googling (le serin "cini" !)...
L'accrochage est sautillant, les moyens techniques utilisés sont modestes (crayons) mais mis en œuvre avec un évident plaisir. La main s'approprie patiemment, soigneusement, le bonheur des trouvailles.
Loin des énormes et coûteuses installations des biennales d'art contemporain, destinées à ébaubir un public espéré massif (c'est une question de survie, hélas) et qui laissent un sentiment d'impuissance et d'écrasement, les œuvres stimulantes de François Cini réussissent à ouvrir une brèche dans l'aliénation.
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À lire aussi : "Marque-page/François Cini", de Fabienne Swiatly, sur remue.net

22:30 Écrit par kl loth dans en revenant de l'expo (de la conf. etc.) | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : art, art contemporain, françois cini, installation, livres, agendas |

vendredi, 17 novembre 2006

Prendre des gants (Line Clément)

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Nous pouvons prendre des gants pour nous adresser à quelqu’un, pour ne pas se blesser, par hygiène, pour aller au combat, pour éviter le contact, pour faire un travail salissant, enfiler des mitaines par coquetterie, mettre un gant pour tenir le faucon, passer des moufles pour avoir plus chaud…. Jeter le gant ou le relever, retourner quelqu’un comme un gant. (extrait du document d'invitation)

medium_blog-line-gant-3.jpgLe 17 novembre 2006 avait lieu une performance de Line Clément, dans le cadre de l'APDAP, 9 montée Saint-Sébastien 69001 Lyon, et dans le local voisin de Ligne Graphique.
S'intéressant depuis longtemps au potentiel narratif et prédictif des lignes de la main, il était logique qu'elle aborde également le thème des gants.
Au sein d'une installation qui évoque certains travaux d'Annette Messager (Les piques), à l'aide de son expérience de l'improvisation théâtrale, elle a longuement exprimé la fonction protectrice des gants, fonction souvent mise à mal par des comportements humains agressifs, ou un environnement menaçant : les chiens emmenés en promenade se battent, l'ouvrier laisse sa peau dans l'acide, la poupée mannequin est "enfilée" dans un gant qui ressemble à un préservatif, hélas déchiré...
Ce déchaînement de violence s'apaisa par la lecture d'une longue phrase de Maurice Merleau-Ponty, serpentant dans les mains des spectateurs le long d'un ruban rose soyeux…

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"Il y a un rapport de mon corps à lui-même qui fait de lui le vinculum du moi et des choses. Quand ma main droite touche ma main gauche, je la sens comme une "chose physique", mais au même moment, si je veux, un évènement extraordinaire se produit : voici que ma main gauche aussi se met à sentir ma main droite, es wird leib, es empfindet. La chose physique s'anime,- ou plus exactement elle reste ce qu'elle était, l'événement ne l'enrichit pas, mais une puissance exploratrice vient se poser sur elle ou l'habiter. Donc je me touche touchant, mon corps accomplit "une sorte de réflexion". En lui, par lui, il n'y a pas seulement rapport à sens unique de celui qui sent à ce qu'il sent : le rapport se renverse, la main touchée devient touchante, et je suis obligé de dire que le toucher ici est répandu dans le corps, que le corps est " chose sentante", "sujet-objet". (extrait choisi par Line Clément de Signes de Maurice Merleau-Ponty)

22:00 Écrit par kl loth dans en revenant de l'expo (de la conf. etc.) | Lien permanent | Commentaires (8) |