dimanche, 21 décembre 2014
Zabriskie Point (Antonioni) vu par Christa Wolf
(sur Zabriskie Point, d'Antonioni)
"[…] Et pour finir le regard méchant de la jeune fille qui fait exploser tout ce qu'il fixe : toute cette civilisation de la consommation, morte, qui détruit tout ce qui est jeune et vivant et à laquelle, c'est la leçon du film, on ne peut opposer qu'une autre destruction.
Je crois que le diagnostic d'Antonioni était juste. Tout s'est aggravé aujourd'hui, parce que notre culture morte est attaquée par une culture peut être « plus barbare » mais en tout cas plus vivante, l'islamisme. Au cours de l'histoire, lors de tels affrontements, ce sont toujours les assaillants, parce qu'ils ont plus de vitalité, qui l'ont emporté, et la civilisation fatiguée, à bout de course, qui a succombé. En serait-il autrement cette fois ? Parce que nous possédons - encore - les armes les plus terribles ? Je n'en sais rien. Ma vision de l'avenir n'a rien de réjouissant. (pp. 128-129)"
(Christa WOLF, Mon nouveau siècle. Un jour dans l'année (2001-2011), Seuil, 2014)
17:15 Écrit par kl loth dans au fil des lectures, zeitgeist | Lien permanent | Commentaires (0) |
vendredi, 11 avril 2014
Gefallen, tomber et plaire (Christian Petzold)
"Le dramaturge Heinrich von Kleist explique dans son journal qu’en passant sous une porte, il s’était rendu compte que l’arc ne tenait que parce que les pierres voulaient tomber. La chute est la condition sine qua non de la création artistique. Et en allemand, gefallen signifie à la fois “tomber” et “plaire”…"
(Christian Petzold in J.B. Morain, "Berlin, années 00 : entretien avec Christian Petzold", les inrocks.com, 26/04/2009)
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dimanche, 02 mars 2014
Keep looking for things… (Jonas Mekas)
"Keep looking for things, in places where there is nothing."
(Jonas Mekas, As I was Moving Ahead, Occasionally I saw Brief Glimpses of Beauty)
15:33 Écrit par kl loth dans au fil des lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : observation, recherche, art, cinéma, vie, autobiographie, introspection, jonas mekas |
mardi, 11 février 2014
Les rues (Anaïs Nin)
"J'accuse Henry [Miller], en plaisantant, de m'avoir rempli la tête de rues. Je pense aux rues. Je me laisse vivre. J'ai envie de connaître beaucoup de monde, de posséder une carte de réalités, comme Henry possède des cartes de Paris et de Brooklyn.
C'est moi qui ai enseigné à Henry que les rues n'ont aucun intérêt en elles-mêmes, mais qu'il faut les mêler à des émotions, à un drame quelconque. C'est moi qui ai réveillé l'homme qui marchait dans les rues — plus de cartes anonymes, mais des cartes pleines de réalité, de matière, de forme et de sens."
(Anaïs Nin, Journal de l'Amour (version non expurgée). 1932-1939, traduction de Béatrice Commengé, Le Livre de Poche, coll. La Pochothèque, 2e éd. 2008 ; 1ère éd. 2003)
00:04 Écrit par kl loth dans au fil des lectures | Lien permanent | Commentaires (0) |
lundi, 10 février 2014
"something to be thrilled about in living everyday […]" (Hong Sang-soo)
"I hope you can discover something to be thrilled about in living everyday, even secretly, very quietly !"
"J'espère que vous trouverez quelque chose d'exaltant dans la vie de tous les jours, même de manière secrète et très calme !"
(Hong Sang-soo, in "Au travail - Les films les plus attendus de 2014", Cahiers du Cinéma n° 696, Janvier 2014, p. 85)
23:36 Écrit par kl loth dans au fil des lectures | Lien permanent | Commentaires (0) |
mardi, 26 novembre 2013
"Face au monde décevant, cruel, gluant"… (Susan Sontag)
"Ce n'est pas un sujet : une sensibilité délicate face au monde décevant, cruel, gluant. Trouve-toi un autre combat." (moi à Sigrid [l'écrivain américain Sigrid Nunez])
(Susan Sontag, Journal. Volume II 1964-1980. La conscience attelée à la chair, éd. Christian Bourgois Éditeur, 2013, traduction d'Anne Rabinovitch, p. 456)
Certes, cela m'est difficile de commenter cette phrase, ne connaissant rien de son contexte, d'où un risque de contresens.
Pourtant, il me semble que défendre une "sensibilité délicate" est un combat urgent et nécessaire à notre époque !
(Quelques infos sur Sigrid Nunez : http://www.13enote.com/auteurs.php?id=30 )
14:03 Écrit par kl loth dans au fil des lectures | Lien permanent | Commentaires (0) |
mardi, 12 novembre 2013
Que chacun de nous soit un artiste ? (Susan Sontag)
"28/7/72
L'idéal n'est pas — comme on le prétend — que chacun de nous soit un artiste (cliché gauchiste-utopique), et il n'est pas souhaitable non plus que chacun soit un scientifique.
Que ferait le monde de tout ça ?
L'universalisation de l'art serait un désastre écologique. Une idée de la production infinie.
L'idée d'une inventivité (technologie) infinie, ou l'acquisition illimitée du savoir, ne vaudraient pas mieux. Concept des limites.
La peur de s'engager dans des activités « d'élite » est ce qui fait dire aux gens qu'idéalement tout le monde devrait être [un] artiste.
Mais certaines activités ne sont possibles que si quelques rares personnes s'y consacrent.
La seule manière qui permettrait à chacun de nous d'être un artiste serait de concevoir l'art exclusivement comme une performance — ou de l'art jetable. L'art serait une chose que font les gens, et si un objet en résultait, il ne serait pas nécessaire (ou même possible, peut être) de le garder, de le mettre dans un musée. Cage a donc le droit de dire qu'il veut que chacun de nous soit un artiste. Il y a très peu de productivité dans sa notion de l'art. Il n'y a rien à garder, ni à monumentaliser. L'art s'autodétruit.
Répéter : c'est un problème écologique."
(Susan Sontag, Journal. Volume II 1964-1980. La conscience attelée à la chair, éd. Christian Bourgois Éditeur, 2013, traduction d'Anne Rabinovitch, p. 377)
J'aime à faire figurer dans ce blog des citations sur des thèmes qui me sont chers ou me préoccupent. J'utilise le blog comme un carnet où je prends des notes, où j'assemble des éléments que je fais résonner entre eux.
Ici c'est un assez long extrait du journal de Susan Sontag concernant la possibilité que tout le monde devienne un artiste. Une idée fréquemment affichée depuis quelques décennies, et que l'auteur réfute par un angle d'attaque original, celui de l'encombrement des musées !
Quant à moi, je pense que l'activité artistique est exigeante, nécessitant un cheminement, une formation, souvent très longs… ainsi que d'y consacrer beaucoup de temps, temps d'observation, temps de réflexion… C'est une activité qui peut impliquer l'engagement de la vie dans son entier.
Alors non, tout le monde ne le peut pas !
Et penser que quiconque pourrait le faire, a pour conséquence pernicieuse de dévaloriser le travail de l'artiste, de dévaloriser ses compétences qui pourtant résultent de beaucoup d'effort.
01:37 Écrit par kl loth dans au fil des lectures, rôle et place de l'art | Lien permanent | Commentaires (0) |
dimanche, 10 novembre 2013
Un savoir qui ne se perd jamais (Peter Handke)
"L'amour est un savoir qui ne se perd jamais : et je dis et j'écris ces mots parce que je ne cesse de perdre mon savoir (prière pour un savoir amoureux)"
(Peter Handke, À ma fenêtre le matin. Carnets du rocher 1982-1987, traduit de l’allemand (Autriche) par Olivier Le Lay, Lagrasse, éd. Verdier, 2006, p. 445 ; 1ère éd. Am Felsfenster morgens (und andere Ortszeiten 1982-1987), Salzburg, Residenz Verlag, 1998)
16:57 Écrit par kl loth dans au fil des lectures, love | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amour, perte, peter handke, handke, savoir, savoir amoureux |
mardi, 29 octobre 2013
Le père… (Lambert Schlechter - Robert Musil)
"Épisode dans L'Homme sans qualités de Musil — Ulrich et Agathe trouvent dans le « tiroir secret » de leur père défunt une liasse de feuillets et d'images obscènes. Ils les examinent, Ulrich d'abord, et elle ensuite.
Et c'est Agathe qui se charge de brûler tout cela dans le poêle. « … elle considéra encore une fois chaque pièce l'une après l'autre puis les jeta dans le feu. Elle n'était pas complètement insensible à la grossière sensualité des obscénités qu'elle examinait. Elle sentait l'excitation de son corps. »*
* Robert Musil, L'Homme sans qualités, II, 13, traduction Philippe Jaccottet.
(Lambert Schlechter, Le Fracas des nuages, Pantin, Le Castor Astral, coll. « Curiosa & cætera », p. 80)
Je reviendrai probablement sur ce sujet dans quelques années. En ce qui me concerne, c'est une aide soignante indélicate, qui a découvert un stock de revues dans une pièce désormais inaccessible à mon père handicapé, et qui m'a proposé de les brûler ! Lesquelles revues sont maintenant stockées par mes soins dans un carton, en attendant d'en décider après le décès de mon père.
13:57 Écrit par kl loth dans au fil des lectures | Lien permanent | Commentaires (0) |
dimanche, 27 octobre 2013
un, un seul (Peter Handke)
"Et si parmi mille couples il en est un, un seul, qui s'aime, alors ce n'est pas l'exception mais la règle : c'est lui qui donne la loi"
(Peter Handke, À ma fenêtre le matin. Carnets du rocher 1982-1987, traduit de l’allemand (Autriche) par Olivier Le Lay, Lagrasse, éd. Verdier, 2006, p. 387 ; 1ère éd. Am Felsfenster morgens (und andere Ortszeiten 1982-1987), Salzburg, Residenz Verlag, 1998)
18:55 Écrit par kl loth dans au fil des lectures, love | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amour, couple, peter handke |
jeudi, 24 octobre 2013
L'art ça fait mal partout… (Patricia Marshall, conseillère en art)
"Beaucoup d'acheteurs en ce moment veulent des choses faciles, ils ne veulent pas souffrir. Or l'art ça fait mal partout, au porte-monnaie, à notre confort, comme une histoire d'amour."
(Patricia Marshall, interrogée in Roxana Azimi, "Conseillers en art, l'art de conseiller", Le Monde, 23.10.2013)
23:30 Écrit par kl loth dans au fil des lectures, rôle et place de l'art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art, collectionneurs, conseillers en art, acheteurs d'art |
mardi, 22 octobre 2013
Des incompatibles (Thomas Clerc)
"L'ajointement des contraires, que dans ma jeunesse je trouvais vulgaire et dédaignais comme 1 faute morale, me semble, aujourd'hui que certaines de mes passions sont apaisées, souhaitable ; et, me penchant à la fenêtre d'1 passé au panorama trop souffrant, j'admets que vouloir des incompatibles est au contraire le signe d'1 ivresse de vivre."
(Thomas Clerc, Intérieur, éd. Gallimard, coll. L'Arbalète, 2013, p. 283)
23:25 Écrit par kl loth dans au fil des lectures | Lien permanent | Commentaires (0) |
jeudi, 05 septembre 2013
Dans l'écriture, on essaie de […] gratter un tout petit peu (Amélie Nothomb)
"J'ai vécu des périodes différentes d'imprégnation par cette langue : d'abord entre 0 et 5 ans, puis à 21 ans. Pendant ce voyage-ci, j'ai senti toutes ces strates revenir : la "langue fantôme" de l'enfance, mais aussi la langue de la jeune adulte. J'ai senti des wagons de japonais reprendre possession de moi, et de manière parfois absurde : pourquoi tel mot ? Pourquoi maintenant ?
— En tant qu'écrivain, cette expérience n'est pas anodine...
— Cela dit déjà combien l'on n'est pas maître, de quelle manière incroyable on subit la langue. C'est le déferlement qui décide, ce n'est pas soi. On n'a pas le choix. Si, par bonheur, le bon mot arrive, on va peut-être l'utiliser. S'il n'est pas là, on sera une fois de plus confronté à l'indicible. On est en permanence confronté à l'indicible quand on parle. Dans l'écriture, on essaie de le gratter un tout petit peu."
(Nils C. Ahl, "Amélie Nothomb : « On n'est pas maître, on subit la langue », LE MONDE DES LIVRES, 04.09.2013 à 18h04)
00:27 Écrit par kl loth dans au fil des lectures | Lien permanent | Commentaires (0) |
Être désarmé (Susan Sontag citant Grotowski)
"Grotowski : « Dans la vie la première question est comment s'armer ; dans l'art c'est comment être désarmé. »
C'est faux, mais utile."
(Cité par Susan Sontag dans son Journal. Volume II 1964-1980. La conscience attelée à la chair, éd. Christian Bourgois Éditeur, 2013, traduction d'Anne Rabinovitch, p. 334)
00:13 Écrit par kl loth dans au fil des lectures, rôle et place de l'art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : susan sontag, grotowski, art, vie |
vendredi, 02 août 2013
De quelles blessures ? (Georges-Arthur Goldschmidt)
"On a, semble-t-il, assez peu interrogé l'origine de l'écriture, qui risque fort d'être la même que celle du crime. De quelles blessures les uns et les autres, les "artistes" et les criminels, sont-ils nés à eux-mêmes ?"
(Georges-Arthur Goldschmidt, in La Matière de l'écriture, leçons de poétique, éd. Circé, 1997 ; cité in Antoine Perraud, "Souffrances d'enfance. La Traversée des fleuves, de Georges-Arthur Goldschmidt. Portrait", Télérama n° 2601, 17 novembre, 1999)
01:53 Écrit par kl loth dans au fil des lectures | Lien permanent | Commentaires (0) |
mercredi, 31 juillet 2013
Musées… (Hervé Guibert)
"Il se passe quelque chose d'étrange, dès que j'entre dans un musée, infailliblement, je me mets à bander, chaque frottement de mes pas lents retrousse et irrite mon sexe qui s'enfle le long du pantalon : au centre de l'Antiquité, un réflexe de vie me surprend, comme celui du pendu, je bande parmi tous ces visages morts, ces bustes de pierre, ces à-plats flamboyants."
(Hervé Guibert, Le Mausolée des amants. Journal 1976-1991, éd. Gallimard, coll. Folio, 2007, p. 183 ; 1ère éd. Gallimard, 2001)
00:49 Écrit par kl loth dans au fil des lectures, rôle et place de l'art | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : musée, excitation, excitation sexuelle, art |
samedi, 13 juillet 2013
L'appartenance à une ville (Orhan Pamuk)
"La meilleure manière de vivre son appartenance à une ville, un pays ou une mer est peut être de n'avoir aucune conscience de leurs frontières et de leur image, ni même de leur existence."
(Orhan Pamuk, D'autres couleurs, traduit du turc par Valérie Gay-Aksoy, éd. Gallimard, coll. essais, 2009, p. 268 ; titre original Öteki renkler)
14:54 Écrit par kl loth dans au fil des lectures | Lien permanent | Commentaires (0) |
mercredi, 12 juin 2013
Face à un tableau (Rauschenberg - Susan Sontag)
"Si vous ne changez pas d'état d'esprit lorsque vous êtes face à un tableau que vous n'avez jamais vu, soit vous êtes sacrément entêté, soit le tableau n'est pas très bon."
(Rauschenberg, noté par Susan Sontag dans son Journal. Volume II 1964-1980. La conscience attelée à la chair, éd. Christian Bourgois Éditeur, 2013, traduction d'Anne Rabinovitch, p. 101)
Il semble qu'on peut envisager la même chose de toute œuvre.
Et aussi que Rauschenberg oublie l'éventuel manque de curiosité et de sens de l'observation de beaucoup de gens.
14:25 Écrit par kl loth dans au fil des lectures, rôle et place de l'art | Lien permanent | Commentaires (0) |
mercredi, 29 mai 2013
L'étude de l'amour (Eva Illouz)
"L'étude de l'amour n'est pas périphérique, mais bien centrale à l'étude du cœur et de la fondation de la modernité*.
* Il s'agit d'une perspective théorique et sociologique que partagent plusieurs autres sociologues comme Anthony Giddens, Ulrich Beck, Elisabeth Beck-Gersheim ou encore Zygmunt Bauman."
(Eva Illouz, Pourquoi l'amour fait mal. L'expérience amoureuse dans la modernité, Seuil, 2012, traduit de l'anglais par Philippe Joly, p. 22 ; 1ère éd. Warum Liebe weh tut. Eine soziologische Erklärung, Suhrkamp Verlag Berlin, 2011)
Remarque : l'éditon allemande serait antérieure à l'édition en anglais.
13:09 Écrit par kl loth dans au fil des lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : amour, sociologie, modernité |
jeudi, 23 mai 2013
Everyday life… (Karl Ove Knausgaard)
"Everyday life, with its duties and routines, was something I endured, not a thing I enjoyed, nor something that was meaningful or made me happy. This had nothing to do with lack of desire to wash floors or change diapers but rather with something more fundamental: the life around me was not meaningful. I always longed to be away from it. So the life I led was not my own. I tried to make it mine, this was my struggle, because of course I wanted it, but I failed, the longing for something else undermined all my efforts."
(Karl Ove Knausgaard, A Man In Love, cité in Emily Witt, "His Life (All of It) as a Man : Karl Ove Knausgaard’s Rambling New Volume of ‘My Struggle’", editorial@observer.com, The New York Observer, 22 mai 2013, http://observer.com/2013/05/his-life-all-of-it-as-a-man-karl-ove-knausgaards-rambling-new-volume-of-my-struggle/, consulté le 23/05/13)
00:59 Écrit par kl loth dans au fil des lectures | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : knausgaard, vie quotidienne, sens de la vie |